Les journalistes tunisiens, brassard rouge au bras, ont boycotté jeudi les explications du ministre de l'Intérieur Ali Larayedh au cours d'une séance houleuse à l'Assemblée constituante consacrée aux violences survenues le 9 avril dans le centre ville de Tunis.
Venu s'expliquer sur les brutalités policières constatées pendant la répression d'une manifestation interdite lundi dernier au coeur de Tunis, le ministre Ali Larayedh s'en est pris à "une partie de la presse" qu'il a accusée d'avoir "jeté de l'huile sur le feu".
Les journalistes, qui boycottent le ministre suite à l'agression de plusieurs d'entre eux pendant la manifestation (16 incidents recensés selon l'organisation Reporters sans Frontières), ont quitté la tribune de presse pendant le discours de M. Larayedh.
Le ministre de l'Intérieur a ensuite diffusé devant les élus une série de photos et de vidéos montrant des policiers blessés ou des manifestants jetant des pierres lors de la manifestation du 9 avril.
"Les médias ont amplifié l'événement d'une manière exagérée, ont parlé de cette manifestation comme si c'était la guerre, mais il n'y a pas la guerre", a déclaré M. Larayedh pendant une suspension de séance.
Pendant ce temps, le président de l'Instance nationale de réforme de l'information et de la communication, Kamel Laabidi, a protesté auprès du chef du gouvernement Hamadi Jebali contre "les agressions répétées" de journalistes, notamment lors de leur couverture de la manifestation du 9 avril.
M. Laabidi, dont l'instance consultative chapeaute le secteur des média, s'est élevé contre "l'impunité des agresseurs", évoquant l'"agression verbale" d'un député islamiste contre les journalistes de Watanya, la première chaîne de la télévision nationale.
Autrefois organe de propagande, cette chaîne en pleine mutation, est la cible de protestations contre "l'information de la honte" ou "l'information violet", couleur fétiche de l'ex-président Ben Ali collée à ses partisans.
A Monastir (Est), des journalistes de la radio locale ont organisé un sit-in pour dénoncer "les agressions" contre leurs confrères et les accusations de partialité formulées à leur encontre par des partisans du parti islamiste Ennahda qui dirige le gouvernement.
A l'extérieur de l'Assemblée, au Bardo, quelques centaines de partisans du gouvernement et d'Ennahda étaient venus manifester leur soutien au ministre de l'Intérieur.
"Il faut arrêter les manifestations, le chaos, et soutenir ce gouvernement qui a la légitimité populaire", a déclaré à l'AFP Faouzia, une femme au foyer.
"Les partis d'opposition ne respectent pas le résultat des élections ni la volonté du peuple", a renchéri un autre manifestant, reprenant l'antienne d'Ennahda qui a accusé des "anarchistes staliniens" de vouloir créer le chaos.
Le gouvernement a annoncé mercredi la création d'une "commission d'enquête indépendante" sur les incidents du 9 avril, et la levée de l'interdiction de manifester sur l'avenue Habib Bourguiba, au coeur de Tunis.
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