La Tunisie a revendiqué samedi le succès d'une opération militaire contre un groupe "terroriste" dont neuf membres, responsables de la mort de gendarmes, ont été tués, le pays étant régulièrement déstabilisé par des attaques attribuées aux jihadistes.
Parallèlement, le parti islamiste Ennahda, qui dirige le gouvernement, et l'opposition ont annoncé, après de multiples reports, le début mercredi de négociations pour sortir le pays d'une profonde crise politique aggravée fin juillet par l'assassinat du député d'opposition Mohamed Brahmi.
L'opération militaire déclenchée après la mort de deux gendarmes jeudi dans la région de Béja (70 km à l'ouest de Tunis) s'est soldée par la mort de neuf combattants et l'arrestation de quatre, a indiqué le ministère de l'Intérieur.Deux suspects sont toujours en fuite.
Cinq gendarmes et militaires ont été blessés lors de l'opération qui s'est déroulée au mont Touayel dans le district de Goubellat de la région de Béja.
"L'opération est sur le point d'être terminée et on la considère comme réussie", a indiqué Mohamed Ali Aroui, porte-parole du ministère de l'Intérieur lors d'une conférence de presse.
Selon lui, la "cellule" appartenait au principal mouvement salafiste tunisien Ansar Ashariaa, classé comme "terroriste" par les autorités mais qui a toujours démenti recourir à la violence.Cette organisation est cependant dirigée par Abou Iyadh, vétéran d'Al-Qaïda en Afghanistan.
'Danger terroriste'
Le porte-parole du ministère a aussi fait état de la saisie dans deux maisons servant de refuge aux combattants de deux tonnes d'ammonitrate, un engrais, et de pesticides qui devaient servir à la fabrication d'engins explosifs.
"Le danger terroriste existe toujours, il y a des cellules dormantes et on s'attend à des pertes dans les rangs des forces (tunisiennes) car nous sommes en guerre contre le terrorisme", a-t-il souligné.
Avant l'attaque de jeudi, les autorités, confrontées à l'essor de la mouvance jihadiste armée depuis la révolution de 2011, n'avaient pas fait état de combattants clandestins dans cette zone.
Le pays est cependant régulièrement déstabilisé par des attaques attribuées à la mouvance jihadiste, notamment à la frontière avec l'Algérie, au mont Chaambi, où un groupe présenté comme lié à Al-Qaïda est traqué depuis décembre 2012.
L'incident le plus grave y a eu lieu fin juillet, lorsque neuf militaires sont morts dans une embuscade.Une vaste opération militaire avait alors été lancée, en coordination avec l'armée algérienne.
Les syndicats des forces de l'ordre se sont plaints pour leur part à de nombreuses reprises du manque de moyens pour agir sur le terrain.
Signe de ce malaise, des policiers et gendarmes ont empêché vendredi, en manifestant, le Premier ministre Ali Larayedh et le président Moncef Marzouki d'assister à la cérémonie officielle rendant hommage aux gendarmes tués.
Dialogue après 3 mois de paralysie
Les violences viennent compliquer davantage la crise politique, l'opposition estimant notamment que le gouvernement actuel n'est plus en mesure de diriger le pays car son laxisme face à la mouvance salafiste depuis deux ans a provoqué l'émergence de groupes armés.
Le parti islamiste Ennahda au pouvoir assure néanmoins tout faire pour neutraliser les combattants jihadistes et affirme avoir arrêté ou tué des dizaines de combattants depuis le début de l'année.
Aucune organisation jihadiste n'a jusqu'à présent revendiqué les attaques contre les forces tunisiennes et les assassinats politiques.L'assassinat du député de l'opposition Mohamed Brahmi a été attribué par les autorités à un commando lié à Ansar Ashariaa.
Pour sortir de la paralysie politique, Ennahda et l'opposition doivent enfin se retrouver à la table des négociations mercredi pour trouver un accord devant aboutir à la mise en place d'un gouvernement de technocrates et à l'adoption d'une constitution dont la rédaction est en panne depuis des mois.
La date choisie pour le début de ce "dialogue national" et les manifestations prévues le même jour marqueront le deuxième anniversaire de l'élection d'une Assemblée nationale constituante (ANC) qui devait à l'origine adopter en un an la loi fondamentale.
Mais signe d'un désaccord persistant, Ennahda a répété que son cabinet ne démissionnerait qu'après l'adoption de la nouvelle Constitution alors que les opposants veulent au préalable la mise en place d'une nouvelle équipe gouvernementale.
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