Le procès du patron de la chaîne tunisienne Nessma, poursuivi pour "atteinte aux valeurs du sacré" après la diffusion l'an dernier du film Persepolis, qui avait entraîné des violences d'extrémistes islamistes, a repris lundi à Tunis dans une ambiance électrique.
"Je suis triste d'être là aujourd'hui, c'est un procès politique", a déclaré à son arrivée le patron de Nessma, Nabil Karoui."C'est le procès de 10 millions de Tunisiens qui ont rêvé d'avoir un pays démocratique", a-t-il ajouté, alors que le tribunal de Tunis connaissait la cohue des grands jours.
M. Karoui est poursuivi pour "atteinte aux valeurs du sacré, atteinte aux bonnes moeurs et troubles à l'ordre public" dans cette affaire qui a suscité violences et passions en raison d'une scène du film montrant Dieu, représentation proscrite par l'islam.
Dès 08H00 GMT le matin, pro et anti Nessma s'étaient rassemblés devant le tribunal et les invectives fusaient.Un groupe de jeunes barbus, dont des salafistes, criait: "le peuple veut la fermeture de Nessma" ou "vous, médias, lâches, sachez que la religion ne doit pas être diffamée".
La défense de la chaîne Nessma avait de son côté mobilisé des ténors du barreau, des représentants d'ONG, et d'anciennes figures politiques, tel l'ancien Premier ministre tunisien Béji Caïd Essebsi, qui a été ovationné et salué par l'hymne national tunisien par la foule des partisans de Nessma.
"Je suis venu apporter mon soutien moral pour défendre la liberté d'expression, c'est important car la Tunisie est à la croisée de chemins", a-t-il déclaré.
La diffusion le 7 octobre par Nessma TV de Persepolis, film d'animation racontant la révolution iranienne et le régime Khomeiny à travers les yeux d'une fillette, avait suscité une vague de violences et de colère, quinze jours avant les élections en Tunisie.
Des groupes d'extrémistes avaient tenté d'attaquer le 9 octobre le siège de la chaîne à Tunis puis la maison de Nabil Karoui quelques jours plus tard.
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