Turkish Airlines (THY) aurait livré des armes à des groupes inconnus au Nigeria, pays touché par des attaques meurtrières du groupe islamiste Boko Haram, selon des écoutes téléphoniques démenties par la compagnie aérienne.
Sur un enregistrement téléphonique diffusé mardi soir sur YouTube, un responsable de la compagnie aérienne, Mehmet Karatas, déclare à l'un des conseillers du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, Mustafa Varank, qu'il se sent coupable concernant la livraison d'armes au Nigeria par THY.
"Je ne sais pas si ces (armes) vont tuer des musulmans ou des chrétiens.Je me sens coupable", aurait déclaré M. Karatas.
Turkish Airlines a catégoriquement démenti mercredi avoir livré des armes."Aucune livraison d'armes depuis la Turquie ou d'un autre pays n'a été effectuée dans le pays en question", a-t-elle assuré mercredi dans un communiqué.
La compagnie a précisé qu'elle ne procédait à aucune livraison d'armes, "conformément à sa politique d'entreprise", dans "les pays sous sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU ou ceux où il y a vacance du pouvoir et d'autres sources de conflits".
Boko Haram, qui revendique la création d'un Etat islamique dans le nord du Nigeria, a depuis quatre ans mené de très nombreuses attaques dans cette région, majoritairement musulmane, et pris en otages des ressortissants occidentaux.
Détenue à 49% par l'Etat turc, Turkish Airlines affiche depuis des années une forte progression qui en a fait un des acteurs importants du transport aérien mondial.
La diffusion de cet enregistrement est un nouveau coup porté à M. Erdogan, englué dans une vaste enquête de corruption qui éclabousse son entourage à un peu plus d'une semaine des élections municipales le 30 mars.
Ces dernières semaines, la plateforme YouTube a diffusé de nombreux enregistrements de conversations téléphoniques piratées du chef du gouvernement islamo-conservateur qui l'ont mis directement en cause dans le scandale de corruption en cours.
L'homme fort de la Turquie a dénoncé la plupart de ces enregistrements comme des faux mais a reconnu implicitement l'authenticité de plusieurs d'entre eux.
M. Erdogan accuse ses ex-alliés de la confrérie du prédicateur musulman Fethullah Gülen d'être à l'origine de ces "montages" et des accusations, dans le cadre d'une "conjuration" destinée à provoquer sa chute.
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