Pays parmi les plus pauvres du monde, le Burkina Faso progresse en dépit de ses faibles moyens mais le chemin reste long et ardu pour devenir "émergent", promesse de campagne du président-candidat Blaise Compaoré.
Après 23 années de pouvoir, le chef de l'Etat, grand favori du scrutin de dimanche, propose aux quelque 16 millions d'habitants de "bâtir un Burkina émergent".
Bon élève des institutions internationales, le pays affiche un bilan économique et social plutôt encourageant malgré ses maigres ressources et de lourdes contraintes: son enclavement et sa dépendance vis-à-vis des cours mondiaux du coton, dont il est le premier producteur d'Afrique subsaharienne.
Depuis 1995, le Burkina s'appuie sur une croissance économique d'environ 5% en moyenne, et il s'est engagé dans de sérieuses réformes budgétaires, fiscales et douanières.
Ses efforts pour améliorer l'environnement des affaires ont été payants: il a été classé récemment par la Banque mondiale comme le pays le plus actif en la matière au sein de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa, huit pays).
En matière d'éducation, les avancées sont notables: le taux de scolarisation dans le primaire est passé de 58% en 2000 à plus de 70% en 2010, selon Ouagadougou.Et l'accès à l'eau potable a bondi de 43% en 1994 à près de 80% en 2010, d'après l'ONU.
Mais les défis restent énormes.Le Burkina est classé 161e (sur 169 pays) selon l'Indice de développement humain du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).Plus de 46% des habitants vivent en-dessous du seuil de pauvreté.
Dans ce pays qui a enregistré en 2008 des manifestations violentes contre la vie chère, le PIB par habitant était de seulement 564 dollars l'an dernier, et l'espérance de vie n'atteint que 53,7 ans.
Pour Lassina Konaté, professeur d'économie à l'université "Ouaga II", un Burkina "émergent" n'est donc pas pour demain.
Il pourrait espérer sortir de son statut de Pays moins avancé (PMA) dans une quinzaine d'années au moins à deux conditions, explique-t-il à l'AFP: s'assurer une croissance "à deux chiffres" et maîtriser sa démographie, qui augmente au rythme d'environ 3% par an.
"Si l'économie ne se diversifie pas, nous ne pouvons pas faire du Burkina un pays émergent", souligne de son côté Bonoudaba Dabiré, conseiller économique du Premier ministre Tertius Zongo.
Le "pays des hommes intègres" reste fondamentalement rural.L'agriculture représente quelque 35% du PIB et occupe 75% des actifs, soit six millions de personnes (dont plus de la moitié dans le coton).
Mais après la très dure crise alimentaire de 2005, le Burkina est toujours vulnérable: la faim a encore frappé au nord en 2010, malgré les assurances de Blaise Compaoré sur un "équilibre alimentaire" en vue.
Le Burkina tente de se diversifier en misant sur les ressources minières, spécialement l'or.Poussé par les cours mondiaux, le précieux métal est devenu en 2009 le premier produit d'exportation, détrônant le coton qui dominait l'économie depuis l'époque coloniale.
Le gouvernement espère aussi pour bientôt une production de zinc, manganèse et cuivre.
Mais pour Paul Kaboré, patron d'une des principales centrales syndicales, les Burkinabè tardent à bénéficier de ces progrès."La pauvreté frappe toujours en campagne comme en ville", souligne-t-il, alertant sur une situation sociale "catastrophique".
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