Une centaine de manifestants bloquaient la voie rapide qui mène du centre-ville à l'aéroport d'Abuja, au niveau du centre-commercial de Lugbe, qui abrite un supermarché sud-africain Shoprite, après avoir été repoussés par les forces de l'ordre alors qu'ils tentaient de vandaliser les lieux, ont constaté des journalistes de l'AFP sur place.
Des dizaines de policiers ont été déployés dans la zone et ont tiré des gaz lacrymogènes en direction des manifestants qui jetaient des pierres et d'autres objets sur le centre-commercial et l'enseigne rouge du supermarché.
"Nous devons venger la mort de nos citoyens en Afrique du Sud", a confié à l'AFP Joseph Tasha, un manifestant.
Cinq personnes ont été tuées à Johannesburg et près de 200 arrêtées dans des émeutes xénophobes qui secouent depuis dimanche l'Afrique du Sud.
On ne connait pas la nationalité des victimes, et le ministre sud-africain de la police a assuré que "le plus grand nombre" des victimes sont sud-africaines.
Toutefois, l'Afrique du Sud, première puissance industrielle du continent, est le théâtre régulier de violences xénophobes, nourries par le fort taux de chômage et la pauvreté.
De centaines de milliers d'internautes nigérians ont appelé au "boycottage total" des entreprises sud-africaines, et de nombreux chanteurs nigérians, tels que Davido, Teni, Tiwa Sawage ou Burna Boy, ont condamné les violences xénophobes.
"Je ne retournerai plus jamais en Afrique du Sud, jusqu'à ce que le gouvernement sud-africain se réveille", a déclaré Burna Boy, star sur le continent et dans la diaspora africaine.
Face à la montée des tensions, "la police nigériane a renforé la sécurité autour des magasins MTN (géant des télécommunications sud-africain), de Multichoice (fournisseur de programmes télévisés) et des supermarchés Shoprite à travers le Nigeria", avait déclaré à l'AFP le porte-parole national de la police Franck Mba, mercredi matin.
Mardi, un groupe de personnes avait déjà tenté de vandaliser deux supermarchés de Shoprite, dans la capitale économique de Lagos.
L'Etat de Lagos a "condamné fermement ces attaques", dans un communiqué publié mardi soir et a rappelé que "le gouvernement fédéral entretient un dialogue avec les autorités sud-africaines pour mettre fin à ces actes odieux".
"Les agences de sécurité de l'Etat ont été sommées d'assurer le calme à travers Lagos", a fait savoir le porte-parole de l'Etat, Gbenga Omotoso.
Mardi, le président nigérian Muhammadu Buhari s'est dit "très inquiet" et a annoncé l'arrivée d'un "envoyé spécial" à Pretoria.
En 2015, sept personnes avaient été tuées au cours de pillages visant des commerces tenus par des étrangers à Johannesburg et à Durban (nord-est).En 2008, des émeutes xénophobes avaient fait 62 morts dans le pays.
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