Ils avaient des bottes en caoutchouc et portaient un béret noir, violet ou rouge : le premier témoin au procès de Jean-Pierre Bemba a raconté mardi devant la Cour pénale internationale (CPI) l'arrivée au "PK12", en Centrafrique, des "banyamulenge", la milice de l'ancien vice-président de la République démocratique du Congo en 2002.
"On nous les présentait comme des sous-hommes, moins que des pygmées, j'étais resté au bord de la route ce soir-là, je voulais les voir", a expliqué le témoin, dont l'identité n'a pas été révélée par mesure de sécurité, au deuxième jour du procès à La Haye de M. Bemba, 48 ans.
"Quand la rébellion de Bozizé s'est retirée du PK12 (point kilométrique 12), immédiatement la rébellion de M. Bemba est rentrée au PK12", au nord de Bangui, la capitale centrafricaine, s'est souvenu le témoin, protégé des regards du public par un rideau.
Bemba est accusé de crimes de guerre et contre l'humanité, principalement des viols, mais aussi des pillages et des meurtres, commis par sa milice du Mouvement de libération du Congo (MLC) entre octobre 2002 et mars 2003 en Centrafrique où elle était venue soutenir les troupes du président Ange-Félix Patassé, en butte à une rébellion menée par le général François Bozizé.
"Pour nous, les rebelles de Bemba, c'étaient les ++banyamulenge++", a souligné le témoin, dont la voix a été modifiée et le visage flouté pour le retransmission de l'audience sur internet.
"Comment pouviez-vous savoir que ces soldats étaient des rebelles de Bemba et non de Bozizé?", lui a demandé la procureur adjointe Fatou Bensouda.
"Bien qu'en tenue de camouflage, ils étaient tous chaussés de bottes de maraîcher, des bottes en caoutchouc, pas des chaussures en cuir, des rangers", a-t-il répondu, ajoutant : "ils étaient coiffés de bérets noirs, violets, verts, rouges...".
Le jour de l'arrivée de la milice au "PK12", "il n'y a pas eu de problème", a souligné le témoin qui s'exprimait en français : "le lendemain autour de 05H00, on s'est réveillé avec des coups de feu, c'était le trouble général".
"Ils sont entrés dans chaque maison, ils ont pris tout ce qu'ils avaient sous la main, les radios, les portables...", a-t-il raconté avant de se souvenir "d'un soldat de la rébellion de M. Bemba qu'on appelait ++Coup-pour-coup++ : il était d'une rare cruauté".
Jean-Pierre Bemba, qui plaide non coupable et encourt la réclusion à perpétuité, avait fui la RDC en 2007.Il a été arrêté le 24 mai 2008 à Bruxelles en vertu d'un mandat d'arrêt de la CPI, saisie en 2004 par François Bozizé, au pouvoir en Centrafrique depuis 2003.
L'accusé était "le commandant militaire avec l'autorité effective et le contrôle des troupes qui ont commis les crimes", a accusé lundi à l'ouverture du procès le procureur de la CPI, l'Argentin Luis Moreno-Ocampo.
La défense avait assuré de son côté que "la responsabilité hiérarchique incombait au commandement suprême de l'armée centrafricaine" et jugé "dénuées de tout fondement" les charges contre M. Bemba.
La CPI a autorisé la participation de 759 victimes au procès et les juges doivent encore se prononcer sur 653 demandes.
Le procès de M. Bemba est le troisième procès de la CPI, entrée en fonction en 2002.Les deux premiers procès, en cours, sont ceux de trois chefs de milice de RDC.
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