La veille lundi, des manifestations à Harare et Bulawayo, deuxième ville du pays, avaient dégénéré et "provoqué des pertes de vie", selon le ministre de la Sécurité Owen Ncube, qui n'a pas fourni de bilan chiffré.Selon des ONG, la police avait tiré à balle réelle contre des manifestants.
Mardi, la capitale Harare ressemblait à une ville morte où la police patrouillait des rues désertes, a constaté un journaliste de l'AFP, mais les manifestations ont repris à Bulawayo, fief de l'opposition.
La police a riposté aux protestataires avec des gaz lacrymogènes dans la banlieue d'Emakhandeni, a constaté un photographe de l'AFP."ED doit partir", scandaient des manifestants en référence à Emmerson Dambudzo Mnangagwa, l'homme fort du pays depuis la chute de Robert Mugabe fin 2017.
Les partisans de l'opposition ont de nouveau érigé mardi des barrages sur les routes et pillé des magasins à Bulawayo.
"C'est insensé que les gens ne puissent pas comprendre qu'on ne veut plus de la Zanu-PF", le parti au pouvoir depuis l'indépendance du Zimbabwe en 1980, a déclaré un manifestant sous couvert d'anonymat."On dirait que c'est une sale habitude de la Zanu-PF d'opprimer les gens", a-t-il ajouté.
Mardi, l'accès à internet a été "brouillé" dans le pays, selon un opérateur téléphonique."Nous n'avons pas l'équipement pour le faire, donc devinez qui l'a fait", a-t-il déclaré sous couvert de l'anonymat en pointant du doigt les autorités.
- Battus par la police -
L'organisation Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé une mesure qui "n'est pas en adéquation avec le +Nouveau Zimbabwe+" que le président Mnangagwa entend promouvoir.
"Le prédateur de la #liberté de la presse Robert Mugabe avait fait exactement la même chose en 2016", a rappelé RSF.
L'autorité locale de régulation de l'internet a toutefois démenti tout blocage.
Dans la capitale Harare, comme à Bulawayo, la plupart des magasins du centre ville étaient fermés mardi.
Les minibus de transport public ne circulaient pas sur les axes qui mènent des banlieues de la capitale au coeur de la ville.Dans la banlieue de Kuwadzana, des policiers chassaient les rares personnes qui s'étaient aventurées hors de leur domicile et nettoyaient les rues des pierres qui jonchaient le sol.
Un habitant, Tawanda Mataya, a raconté avoir été frappé ainsi que son fils par la police.
"J'étais sur le pas de ma porte pour voir si je pouvais me rendre au travail quand un groupe de policiers qui passaient par là a commencé à me battre", a-t-il raconté à l'AFP, montrant son dos boursouflé.
"Mon fils de 17 ans m'a entendu crier et a ouvert la fenêtre pour voir ce qui se passait et il a été frappé à plusieurs reprises", a-t-il ajouté.
Amnesty International a fait état de cas similaires notamment à Bulawayo et dans la ville de Chitungwiza, à une trentaine de kilomètres au sud d'Harare.
- "Combat juste" -
La décision samedi soir du président de doubler les prix du carburant a provoqué la colère d'une population aux abois, alors que le Zimbabwe est plongé depuis deux décennies dans une grave crise économique et financière.
Le Zimbabwe est désormais le pays où le prix du carburant est le plus cher au monde, selon les comparaisons disponibles sur le site spécialisé GlobalPetrolPrices.
Malgré la répression, la Confédération syndicale du Zimbabwe (ZCTU) a réitéré mardi son appel à la grève générale.
"Nous demandons aux travailleurs et aux citoyens partout dans le pays de rester chez eux.Ne donnez pas aux violents l'opportunité de vous faire du mal", a tweeté le syndicat."Notre combat est juste, il faut des réformes économiques pour que les pauvres puissent survivre."
Emmerson Mnangagwa s'est engagé à sortir le pays du marasme économique, mais la situation a empiré depuis des mois. Les étals dans les magasins sont vides.Les Zimbabwéens manquent d'huile, de pain, de médicaments...
En tournée à l'étranger, il a répété lundi que sa décision d'augmenter les prix du pétrole était "nécessaire", pour tenter de réduire les files d'attente devant les stations essence et lutter contre les trafics liés à la dévaluation de la quasi-devise locale, les "bond notes".
M. Mnangagwa est attendu la semaine prochaine à Davos (Suisse) pour le Forum économique mondial, où il espère convaincre les investisseurs de revenir dans son pays.
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