Le camp de Robert Mugabe veut aller aux élections cette année car l'âge et la santé du président zimbabwéen sont un "souci sérieux" pour lui, affirme à l'AFP le Premier ministre Morgan Tsvangirai, pour qui le scrutin peut attendre d'ici à mars 2013.
"Ils sont pris par le temps, ils sont également inquiets du degré de leurs divisions internes et sont surtout préoccupés par la conservation du pouvoir", estime dans cet entretien l'éternel rival du président de 87 ans qu'il ne ménage pas et qualifie de "vieil homme".
"Son cerveau est intact mais sa santé en dit long et son corps est fragile (...), il devrait déjà avoir fait ses valises et quitté la scène politique", ajoute M. Tsvangirai.
Dans une nouvelle autobographie il va encore plus loin en qualifiant Mugabe de "lâche pathologique" qui dirige une "dictature".
MM.Mugabe et Tsvangirai se partagent le pouvoir depuis bientôt trois ans au sein d'un fragile gouvernement d'union nationale, né dans la douleur après la crise ouverte par les violences commises durant la présidentielle 2008.
Arrivé en tête au premier tour de la présidentielle en 2008, Tsvangirai avait déclaré forfait avant le second pour éviter que les massacres de ses partisans ne tournent à la guerre civile.
Théoriquement cette cohabitation forcée prendra fin après de nouvelles élections, avec comme préalable une série de réformes et un référendum constitutionnel.
Ancien héros de l'indépendance et président depuis 32 ans, Robert Mugabe, entend se représenter malgré son âge et ses relations exécrables avec l'Occident, et réclame le scrutin depuis des mois.
De son côté, l'ancien dirigeant syndical, qui aura 60 ans en mars, semble sûr que le temps joue pour lui et n'hésite plus à parler de 2013, avec mars comme date butoir car ce sera la fin de la législature actuelle.
Pour lui, l'insistance de la Zanu-PF (le parti de Mugabe) à accélérer le calendrier sonne comme un aveu de faiblesse.
L'actuelle cohabitation avec M. Mugabe est la pire forme de gouvernement, selon lui, mais "le meilleur arrangement pour atterrir en douceur".
"Il y a un processus irréversible vers une solution définitive à la crise.Qui voudrait le faire s'effondrer?Pour obtenir quoi ?", dit-il.
"Je n'imagine personne d'assez imprudent pour se dresser et détruire le gouvernement mais on ne sait jamais, il faut se préparer", nuance cependant M. Tsvangirai, dont les partisans --y compris des ministres-- sont régulièrement arrêtés et attaqués.
Certes, ajoute l'ancien syndicaliste, il serait "facile pour moi de faire dérailler le gouvernement d'union nationale processus en réagissant de façon émotionnelle aux attaques et aux frustrations" suscitées par l'absence de mise en oeuvre de nombreux points des accords de 2008-09: liberté de la presse, réforme des forces de sécurité et des règles électorales, nominations à des postes clés, etc.
"Mais cela résoudrait-il les problèmes à long terme du pays?Si le gouvernement s'effondrait, par quoi serait-il remplacé?Ce serait le chaos et l'incertitude, et tout ce que nous sommes parvenus à obtenir, la stabilité de ces trois dernières années, seraient jetés par la fenêtre", dit-il.
"J'ai un objectif plus élevé que ces péripéties à court terme qui ne vont pas me gêner.Je garde mon cap", promet-il.
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