Le président zimbabwéen Robert Mugabe a souhaité vendredi la fin du gouvernement d'union et de nouvelles élections à la mi-2011 bien que le processus constitutionnel, préalable à l'organisation du scrutin, soit au point mort.
Le chef de l'Etat, 86 ans, au pouvoir depuis l'indépendance en 1980, a formé en février 2009 une coalition avec son rival promu Premier ministre, Morgan Tsvangirai, pour sortir le pays d'une grave crise politique et économique.
Selon leur accord, la coalition doit prendre fin avec de nouvelles élections mais après l'adoption d'une nouvelle Constitution posant les conditions d'un scrutin libre et équitable.
"La créature née de l'accord de partage du pouvoir ne devait pas vivre plus de deux ans (...) En février, elle sera au terme de son existence", a rappelé Robert Mugabe lors d'une réunion avec des jeunes de son parti, la Zanu-PF.
"Certains vont dire que nous devrions négocier pour lui donner une seconde vie.Mais je suis réticent", a ajouté le président, cité dans le quotidien d'Etat The Herald.
"Si c'est juste une question d'un ou deux mois, je n'ai aucune objection.Mais lui donner six mois de plus, ou un an: non, non, non!" a-t-il martelé, en réclamant un référendum constitutionnel au premier trimestre prochain et des élections en milieu d'année.
Ces dates paraissent difficiles à tenir: la commission mixte parlementaire chargée de superviser le processus constitutionnel prévoit au mieux un référendum constitutionnel le 30 juin.
Et le processus de consultation de la population sur le nouveau texte a de nouveau été reporté vendredi, officiellement pour des raisons de manque d'argent.
Les réunions publiques ont été interrompues en septembre après des violences commises par des partisans de la Zanu-PF, qui ont tué un partisan de Morgan Tsvangirai, selon son parti, le MDC.
Pour l'Afrique du Sud, les frères ennemis du Zimbabwe sont en fait prêts à abandonner la réforme constitutionnelle pour passer aux élections le plus vite possible.
"Ils disent tous qu'il faut organiser (les élections) maintenant", a déclaré la ministre sud-africaine des Affaires étrangères Maite Nkoana-Mashabane, dont le pays sert de médiateur au Zimbabwe.
"Savoir s'il y a une nouvelle Constitution ou non, n'est plus la question.Ils veulent aller aux urnes.Je l'ai entendu auprès de la Zanu-PF comme auprès du MDC", a-t-elle ajouté.
Le MDC a jusqu'à présent toujours insisté pour avoir une nouvelle Constitution avant tout scrutin, afin d'éviter la répétition du scénario de mars 2008: le régime de Mugabe avait refusé pendant cinq semaines de reconnaître sa défaite aux élections générales et laissé se déchaîner les violences dans le pays.
Mais les relations entre les deux camps, qui ont toujours été mauvaises, se sont encore dégradées récemment.La semaine dernière, Morgan Tsvangirai s'est dit "écoeuré" par le comportement de Robert Mugabe et l'a accusé "d'avoir trahi la confiance placée en lui".
Il lui a notamment reproché la nomination unilatérale d'ambassadeurs en Occident et a demandé à l'ONU et à l'Union européenne (UE) de ne pas reconnaître les diplomates.
"Ces petits phrases du MDC sont complètement absurdes", a rétorqué Robert Mugabe devant la Zanu-PF, en reprochant à son partenaire de laisser Européens et Américains s'ingérer dans les affaires du Zimbabwe.
Seule concession à son adversaire: le président a appelé ses partisans à ne pas recourir à la violence lors des prochaines élections."Discipline, discipline!Nous disons non à la violence", a-t-il assuré.
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