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Ouganda: recours contre une loi accusée de menacer la liberté d'expression

Des médias et des associations de défense des droits de l'Homme ougandais ont saisi lundi la Cour constitutionnelle à Kampala pour tenter d'invalider une nouvelle loi visant selon eux à restreindre la liberté d'expression sur internet et à museler l'opposition.

AFRICA RADIO

17 octobre 2022 à 18h21 par AFP

Le recours contre la "Loi sur l'usage abusif de l'informatique", promulguée le 13 octobre par le président Yoweri Museveni, qui dirige le pays d'une main de fer depuis 1986, a été déposé par 13 requérants. Cette loi "menace la liberté d'expression et cible ceux qui ont des points de vue divergents", a déclaré à l'AFP Norman Tumuhimbise, un des plaignants et employé de Digital TV, une chaîne en ligne qui avait été perquisitionnée en mars, et dont neuf employés, parmi lesquels M. Tumuhimbise, sont inculpés notamment pour diffusion de fausses informations. L'ONG de défense des droits de l'Homme Amnesty International a demandé l'abrogation du texte. Cette loi, écrit Amnesty dans un communiqué, a été conçue pour "cibler délibérément les critiques du gouvernement et sera utilisée pour faire taire la dissidence et empêcher les gens de s'exprimer". Elle "menace le droit à la liberté d'expression en ligne, y compris le droit de recevoir et de diffuser des informations, sous prétexte d'interdire les informations non sollicitées, fausses, malveillantes, haineuses et injustifiées", ajoute Amnesty. Selon Amnesty, la loi stipule notamment que "nul ne doit écrire, envoyer, ou partager à partir d'un ordinateur des informations susceptibles [entre autres] de ridiculiser, déshonorer ou humilier quelqu'un d'autre" ou de "créer des divisions entre des personnes", et prévoit des peines pouvant aller jusqu'à sept ans de prison. Lors de la dernière élection présidentielle, en 2021, des journalistes ont été attaqués, des avocats emprisonnés et plusieurs dirigeants de l'opposition muselés. Pour Bobi Wine, qui avait affronté le président Museveni à la présidentielle de 2021, le chef de l'Etat "est au courant qu'il est impopulaire, et il met en place de telles lois pour museler l'opposition". "Cette fois-ci, les gens devraient se lever et défendre leurs droits, qui sont de plus en plus restreints", a-t-il déclaré à l'AFP. L'Ouganda occupe la 132e place (sur 180) du classement mondial 2022 de la liberté de la presse établi par l'ONG de défense des journalistes Reporters sans frontières.