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Reconnaissance du massacre de Thiaroye au Sénégal : "Le peuple sénégalais va donner sa version de l'histoire", selon Yassine Fall, ministre des Affaires étrangères du Sénégal

La ministre des Affaires Étrangères du Sénégal, Yassine Fall, en visite en Côte d'Ivoire, a réagi, mercredi 31 juillet, à l'annonce de la France de reconnaître "morts" pour la France, à titre posthume six tirailleurs exécutés par l’armée française à Thiaroye, en 1944.

Yassine Fall est ministre des Affaires étrangères et de l'Intégration africaine
Yassine Fall est ministre des Affaires étrangères et de l'Intégration africaine
Crédit : Gouvernement du Sénégal

31 juillet 2024 à 17h41 par Keisha MOUGANI

"Le Sénégal va commémorer le 80e anniversaire de l'assassinat des militaires sénégalais qui venaient de participer à la Deuxième Guerre mondiale", a déclaré Yassine Fall à la presse, lors d'une visite à Abidjan, après un entretien avec le président ivoirien Alassane Ouattara. La ministre des Affaires étrangères du Sénégal est en visite en Côte d'Ivoire jusqu'au 1er août dans le cadre de la 10e session de la Grande commission mixte qui réunit les deux pays, pour renforcer leur coopération économique.

"Ce sera un événement très important où le peuple sénégalais va donner sa version de l'histoire", a-t-elle poursuivi. La déclaration de la ministre fait suite à la reconnaissance par Paris, le 18 juin, de six tirailleurs "morts pour la France" à titre posthume. Une décision mémorielle inédite dans ce dossier douloureux entre la France et ses anciennes colonies.

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Au matin du 1er décembre 1944, au camp militaire de Thiaroye, près de Dakar, des troupes coloniales et des gendarmes français avaient tiré sur ordre d'officiers de l'armée française sur des tirailleurs africains rapatriés, qui réclamaient leurs arriérés de solde.

Les tirailleurs africains étaient des soldats du continent qui se battaient sous le drapeau français. Parmi les six hommes concernés, quatre étaient sénégalais, un était ivoirien et un autre burkinabè.

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Lors du Conseil des ministres du jeudi 26 juin, le gouvernement sénégalais a abordé l'organisation d'une journée commémorant les 80 ans du massacre. Elle sera organisée "pour les peuples africains, pour l'Afrique de l'Ouest", a dit la ministre.

Une réaction qui suit celle du Premier ministre Ousmane Sonko 

Le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko qui s'exprimait, dimanche 28 juillet, en tant que chef de son parti Pastef-Les Patriotes avait critiqué la décision de la France, affirmant que ce n'était pas à Paris de "fixer unilatéralement le nombre d'Africains trahis et assassinés".

Selon le bilan dressé par les autorités françaises à l'époque, au moins 35 tirailleurs avaient trouvé la mort à Thiaroye, sur place ou des suites de leurs blessures. Un chiffre qui reste encore sujet à controverse : certains historiens l'estimant beaucoup plus élevé.

La ministre n'a pas évoqué de possibles fouilles pour réévaluer ce bilan.  

Avec AFP