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Salon du Chocolat : à la rencontre des chocolatières qui mettent en valeur le terroir de leurs pays

Jusqu'au dimanche 3 novembre, le Salon du chocolat accueille les becs sucrés mais surtout producteurs et artisans chocolatiers venus du monde entier. Parmi eux, se trouvent des chocolatières, peu mises en avant, qui sont venues partager leur amour pour le cacao mais surtout pour le terroir de leurs pays. Nous sommes allées à leur rencontre.

Les chocolatières Astrid Temmerman et Viviane Kouamé
Les chocolatières Astrid Temmerman et Viviane Kouamé
Crédit : Keisha MOUGANI

1er novembre 2024 à 9h30 par Aurélie LAFEIL et Keisha MOUGANI

L'une des ambitions de Viviane Koumé est d'être "un modèle pour la nouvelle génération". Vêtue de son uniforme de cuisine noir, elle arbore fièrement sur sa veste une broderie mentionnant "Prix de l'excellence 2024, Meilleur artisan de Côte d'Ivoire". Une consécration pour celle qui est l'une des rares femmes sur le continent africain à être artisan chocolatière.

Si personne ne lui met de pression sur son statut de pionnière, elle s'est imposée d'être "toujours à la hauteur des attentes".

Derrière son stand, installé au Salon du chocolat, à Paris, elle présente aux visiteurs sa marque Chocovi, avec laquelle elle souhaite mettre en avant le patrimoine culturel et culinaire de la Côte d'Ivoire "qui est le premier producteur de cacao", rappelle-t-elle fièrement, sourire aux lèvres.

Dans ses créations, elle marie le chocolat avec d'autres trésors du patrimoine culinaire du pays : l'attieke ou encore la noix de cajou. "Je suis amoureuse de deux choses : la Côte d'Ivoire et le cacao. Pour moi, le cacao, le chocolat, c'est le moyen de valoriser mon pays", s'exclame-t-elle. 


La chocolatière Viviane Kouamé 

Elle a également eu l'occasion  de rendre hommage à son pays, en confectionnant les tenues du traditionnel défilé du Salon, avec des pièces en chocolat, avec le styliste Roger Bango. "Il y a trois ans, quand j'ai assisté pour la première fois au Salon du chocolat et que j'ai vu le défilé, j'étais émerveillée. Je voulais faire pareil", explique-t-elle. 


La championne para olympique, Nantenin Keita dans une création de Roger Bango et Viviane Kouamé. 
Crédit : Agence Brunet-Monié

Formée en France et en Italie, la petite-fille de planteurs qui a "le cacao dans les veines" a décidé de mettre son savoir-faire au service du pays. "Des comme moi en France, il y en a  beaucoup. Mais sur le continent, il n'y en a pas beaucoup. Et si on veut être un modèle, on ne peut pas rester à l'extérieur. Il faut être à l'intérieur, vivre les réalités.", souligne la chocolatière. 

Un des principaux enjeux, pour elle, est la préservation de la biodiversité et de la culture du cacao face aux effets du réchauffement climatique. Propriétaire de quelques plantations, elle réhabilite ce qui était alors d'anciens vergers, pour préserver la forêt et pratique l'agroforesterie. "Si on veut pouvoir transmettre, il va falloir qu'on soit dans la durabilité pour perpétuer la culture du cacao.Mon rêve, c'est que dans un siècle, on soit encore le  premier pays producteur."

Quand Vivivane rêve que la Côte d'Ivoire reste le premier producteur, Astrid rêve de faire découvrir les terroirs des Caraibes 

À l'étage supérieur du Salon, le stand d'Astrid Temmerman se distingue avec l'imposant pain-beurre, spécialité des Antilles, qui trône au devant de son stand. Accompagnée de sa maman, la jeune ingénieure agro-alimentaire de 33 ans participe pour la première fois au Salon du chocolat. Son ambition est de faire découvrir le chocolat des Caraibes et particulièrement de la Martinique, dont elle est originaire, avec sa marque A-Typika, qu'elle a fondée en 2023.

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"On voulait promouvoir autrement la Martinique, pas qu'à travers ce qu'on peut connaître d'habitude, mais aussi à travers le chocolat. Souvent quand on me dit, "Ah il y a du cacao en Martinique ? On ne savait pas qu'il y avait du cacao", raconte-t-elle. Si elle propose la fameuse préparation pour le chocolat chaud antillais, elle propose également des tablettes ou de la liqueur de cacao. 


Astrid, fondatrice d'Atypika, (à droite) et sa maman. 

Pour la jeune femme, cette aventure lui permet de réaliser un rêve mais aussi de renouer avec ses origines. "Après le Covid,  je me posais pas mal de questions sur le sens du travail, parce que je vis, on va dire, expatriée de mon île natale et ce que je faisais au quotidien ne me rattachait pas forcément à mes racines. D'où le nom de "racine caribéenne", confie-t-elle. 

"Il n'y a rien à jeter dans le cacao" 

L'amour que Viviane Kouamé et Astrid Temmerman vouent au cacao est également partagé par Julie Marraud des Grottes. Pour elle, il "n'y a rien à jeter" dans le cacao. Après des études en communication, la cabosse a transformé sa vie. Alors qu'elle s'envole pour deux semaines de vacances en Martinique, l'île où elle a grandi, elle sent qu’elle doit se lancer dans “le projet cacao”. Alors, elle se forme grâce aux rencontres et à “l’école de la vie”.

Elle voyage au Costa Rica, en Colombie, Saint-Vincent et se documente. Désormais, entourée par deux mille cacaoyers à l’habitation Céron en Martinique, Julie produit seule son chocolat. Dans la maison familiale, qui fait office de site touristique d'atelier, elle travaille de “l’arbre à la tablette” et confectionne des tablettes, de la confiture, de la bière, mais aussi des produits de beauté comme des gommages. Comme Viviane en Côte d'Ivoire, elle est l'une des rares artisans chocolatières de Martinique.