Sénégal : les femmes, moteur du développement de la Casamance

Infos. Avec ses forêts et une bonne pluviométrie, la Casamance regorge de ressources agricoles inestimables. Mais, cette région du sud du Sénégal voit chaque année des milliers de tonnes de produits pourrir dans la nature faute d'industries de transformation. Elle ne compte, en effet, que quelques unités de production souvent gérées par des femmes. Notre correspondant Wahany Johnson SAMBOU s'est rendu dans l'une d'elle dans un village appelé Baïla. Voici son reportage.

Sénégal : les femmes, moteur du développement de la Casamance
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Le soleil se lève à peine sur Baïla, village situé à une soixantaine de kilomètres de Ziguinchor, au sud du Sénégal. Comme chaque matin, Oulimata Diédhiou enfile sa blouse pour rencontrer ses fournisseurs. Ce jour-là, elle négocie du màdd, un fruit sauvage très apprécié au Sénégal. Elle prend ensuite la direction de l’unité de production de son  Groupement d'intérêt économique, GIE spécialisé dans la transformation de fruits, où l’attend le reste de l’équipe. « Lorsque le cueilleur arrive avec les fruits, nous faisons le tri pour écarter ceux qui ne sont pas de qualité. Nous les lavons soigneusement avant de les dépulper. Nous procédons encore à un autre tri après le dénoyautage. Ensuite, nous en faisons des compotes, des confitures ou encore du jus comme ce sirop de ditakh et de citron », déclare Oulimata Diédhiou, vice-présidente du GIE Maï Kindio. 

Dans leur magasin de stockage sont entassés plusieurs dizaines de bouteilles et de bocaux remplis de produits. La bouteille d'un litre de sirop est vendue à 2500 francs CFA soit 3,82 euros et les boîtes de  compotes et de confitures à 1500 francs CFA, soit  2,29 euros. Un business lucratif qui a permis au GIE de réaliser un chiffre d’affaires de 11 millions de francs CFA en 2021. Même si les moyens sont limités par rapport à leur ambition, cette activité a changé la vie des femmes, à l'image de Néné Ada Coly. « Depuis que je travaille ici, les affaires marchent bien pour ma famille et moi. Ce que je gagne ici me permet de payer leur scolarité, de leur acheter des habits et de la nourriture. En somme, ça m’a permis d’être indépendante financièrement, chose qui n’est pas facile surtout pour nous les femmes qui vivons en campagne », se réjouit la jeune dame. 

Des femmes qui constituent le moteur du développement de la Casamance, une région à fort potentiel économique mais très enclavée, et qui manque d’industries de transformation des produits agricoles. Et les femmes qui travaillent dans la transformation des fruits déplorent un match énorme de matériels. « Tout ce que nous réalisons, nous le faisons à la main. Ici, nous n’avons que deux séchoirs de mangues comme appareils modernes. Si nous avions eu des dépulpeuses, des mixeurs et surtout une chambre froide, nous aurions pu réaliser plus de bénéfices et employer plus de personnes du village », regrette Oulimata Diédhiou.

 

Wahany Johnson SAMBOU, Africa Radio

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