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Togo : "L'État de droit a disparu de l'espace politique togolais", selon Nathaniel Olympio, porte-parole du mouvement "Touche pas à ma Constitution"

Lundi 12 août, une coalition de partis politiques d'opposition et d'organisations de la société civile, baptisée "Touche pas à ma Consitution" a lancé une campagne pour réclamer la libération de 92 détenus politiques, au Togo.

Nathaniel Olympio, président du "Parti des Togolais"
Nathaniel Olympio, président du "Parti des Togolais"
Crédit : DR

14 août 2024 à 18h13 par Keisha MOUGANI

Nathaniel Olympio, président du Parti des Togolais, membre du front "Touche pas à ma Constitution"

Lundi 12 août à Lomé, capitale du Togo, une coalition de partis politiques d'opposition et d'organisations de la société civile togolais a lancé une campagne pour réclamer la libération des "détenus politiques".

Le regroupement, baptisé Front "Touche pas à ma Constitution", a annoncé démarrer une campagne de sensibilisation notamment via du porte-à-porte et des distributions de tracts en faveur de la libération des "92 prisonniers politiques du pays" qui "croupissent dans des conditions inhumaines", selon une déclaration écrite de la coalition.

De son côté, le pouvoir a toujours affirmé qu'il n'y avait pas de détenus politiques au Togo. "Le Togo n'a pas de détenus politiques. Au fond, ce sont des éléments de langage qui sont utilisés à des fins politiques, mais d'un point de vue judiciaire, ce sont des détenus de délit de droit commun", avait déclaré en décembre 2020 Christian Trimua, ancien ministre des Droits de l'Homme et actuel secrétaire général du gouvernement.
 Jean-Paul Oumolou, un éminent membre du parti d'opposition DMK résidant en Suisse, a été arrêté en novembre 2021 lors d'un séjour au Togo. Il est toujours incarcéré pour "incitation à la révolte contre l'autorité de l'État".

Dénonciation de l'exercice du pouvoir de Faure Gnassingbé

Le front  a vu le jour en réaction à l'adoption d'une nouvelle Constitution par les députés togolais en avril, qu'elle qualifie de "coup d'État institutionnel". Le 19 avril, dix jours avant les élections législatives et régionales, les députés de l'Assemblée togolaise ont adopté une nouvelle constitution faisant passer le Togo d'un régime semi-présidentiel, comme en France, à un régime  parlementaire.

Cela acte donc la disparition de l'élection du président de la République au suffrage universel direct. Une nouvelle fonction a été mise en place : celle de Président du conseil des ministres, qui concentrera tous les pouvoirs et sera obligatoirement le chef du parti majoritaire à l'Assemblée nationale. Actuellement, le président Faure Gnassingbé est président du parti UNIR, qui a la majorité absolue à l'Assemblée avec 108 sièges sur 113. 

L’opposition a vu dans la création de la fonction Président de conseil des ministres, une manœuvre de ce dernier pour se maintenir au pouvoir, lui qui a pris la tête de l’État en 2005 à la suite de son père resté près de 38 ans au pouvoir (1967-2005).

Treize partis politiques et organisations de la société civile au Togo avaient déposé le 18 avril, avant l'adoption définitive du texte, un recours devant la Cour de justice de la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) pour réclamer le retrait de la nouvelle Constitution. 

L'opposition togolaise avait auparavant organisé des manifestations en 2017 et 2018 pour demander le départ du président Faure Gnassingbé. Ses trois réélections en 2010, 2015 et 2020 ont toutes été contestées par l'opposition. "Nous avons appelé les gens à manifester, ils ont été arrêtés. Nous ne pouvons pas ne pas nous battre pour qu'ils recouvrent la liberté", a martelé Nathaniel Olympio, porte-parole du Front, lors d'une conférence de presse donnée lundi 12 août. "Nous allons encore appeler les populations à manifester. Et nous devons leur adresser un signal clair, que personne ne sera abandonné en cours de route", a ajouté M.Olympio.

Au Togo, les manifestations de rues sont interdites depuis 2022, après une attaque au grand marché de Lomé au cours de laquelle un gendarme a été tué. Auparavant, le gouvernement togolais avait pris plusieurs mesures pour encadrer les rassemblements.

En 2019, après les mobilisations de 2017 et 2018, les horaires pour manifester ont été fixés de 11h à 18 h. Une loi qui avait été retoquée par des rapporteurs du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU. La loi a été révisée deux ans plus tard avec de nouveaux horaires. Désormais, les rassemblements doivent se dérouler entre 8h et 17 h. 

(Avec AFP)