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Tunisie: le président Saied limoge la Première ministre Najla Bouden (officiel)

Le président tunisien Kais Saïed a décidé de "mettre fin aux fonctions" de la Première ministre Najla Bouden, première femme à diriger un gouvernement en Tunisie, selon une vidéo et un communiqué de la présidence mardi soir.

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2 août 2023 à 1h51 par AFP

Aucune explication n'a été donnée. M. Saied a immédiatement nommé à sa place Ahmed Hachani, qui travaillait jusqu'à présent à la Banque centrale de Tunisie et a étudié à la Faculté de droit de l'Université de Tunis où Kais Saied a enseigné, a indiqué M. Hachani sur Facebook. Le nouveau chef du gouvernement, complètement inconnu du grand public, a immédiatement prêté serment devant le président Saied, selon la vidéo de la présidence. Najla Bouden avait été nommée par M. Saied, le 11 octobre 2021, un peu plus de deux mois après que le président s'était octroyé les pleins pouvoirs le 25 juillet en limogeant son Premier ministre de l'époque et en gelant le Parlement. Depuis ce coup de force, Kais Saied dirige le pays par décrets. La Constitution qu'il a fait modifier par référendum à l'été 2022 a fortement réduit les pouvoirs du Parlement au profit d'un système ultra-présidentialiste. Une nouvelle assemblée des députés a pris ses fonctions au printemps 2023 après des élections législatives, fin 2022, boycottées par les partis d'opposition et boudées par les électeurs avec un taux de participation d'environ 10%. A plusieurs reprises ces derniers mois, le président a ordonné le limogeage de divers ministres, dont le ministre des Affaires étrangères, sans jamais donner de motifs. Depuis février dernier, une vingtaine d'opposants et personnalités ont été emprisonnés dans le cadre d'une vague d'arrestations qui a touché aussi Rached Ghannouchi, chef du parti islamo-conservateur Ennahdha, la bête noire de M. Saied. Ils sont "accusés de complot contre la sûreté de l'Etat" et M. Saied les a qualifiés de "terroristes". Des ONG dont Amnesty International ont dénoncé un dossier d'accusation "vide". Ennahdha a dominé les coalitions des dix années qui ont suivi la révolution démocratique de 2011, ayant abouti à la chute du dictateur Zine El Abidine Ben Ali et donné le coup d'envoi des Printemps arabes dans toute la région. La crise politique que traverse la Tunisie depuis deux ans se double de graves difficultés économiques: le pays est très endetté (à 80% du PIB), la croissance atone (environ 2%), la pauvreté en hausse (4 millions de Tunisiens sur 12 millions d'habitants) et le chômage très élevé (15%).