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Afrique du Sud: craintes de représailles au retour en Ouganda d'une figure LGBT+

Figure LGBT+ en Ouganda, où une loi controversée renforçant la répression de l'homosexualité a été votée au Parlement, DeLovie Kwagala, en Afrique du Sud ces dernières années pour trouver "un peu de liberté" mais désormais contraint à retourner au pays, craint d'être arrêté.

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19 mai 2023 à 20h06 par AFP

L'artiste et photographe, aussi connu sous le nom Papa De et qui se revendique non binaire, a raconté vendredi lors d'une interview à l'AFP dans une maison louée depuis plus de deux ans à Johannesburg, avoir déjà été menacé.e d'emprisonnement par les autorités ougandaises l'an dernier. "Et si elles vous ont déjà menacé une fois ....", lâche DeLovie Kwagala, qui prend un vol pour Kampala mercredi. Son visa lui permettant de rester sur le territoire sud-africain expire la semaine prochaine. Refusant de demander l'asile ou d'aller se réfugier dans un autre pays "au nom de la liberté", l'artiste, lunettes de soleil jaunes fluo sur le nez et des tresses décolorées nouées au sommet de la tête, devra "rentrer à la maison dans quelques jours". En Ouganda, l'homosexualité est illégale. Les "actes d'homosexualité" sont passibles de la prison à perpétuité depuis une loi datant de la colonisation britannique. Le parlement a adopté au début du mois une loi rendant "l'homosexualité aggravée" passible de la peine capitale, ce qui signifie que les récidivistes pourront être condamnés à mort. Incluse dans la législation ougandaise, la peine capitale n'est plus appliquée depuis des années. Le président ougandais Yoweri Museveni doit encore approuver le texte avant qu'il n'entre en vigueur. Selon DeLovie Kwagala, le gouvernement avec cette loi "dit indirectement à la société d'agir contre nous, éléments allant contre toute moralité". L'homophobie est répandue en Ouganda, comme à travers le reste de l'Afrique de l'Est. S'il n'y a pas eu de poursuite pour des actes homosexuels ces dernières années, harcèlement et intimidations sont le quotidien des homosexuels du pays, où s'est développé un christianisme évangélique particulièrement véhément à l'égard du mouvement LGBT+. La première version de la nouvelle loi prévoyait une disposition sur "le devoir de signaler les actes d'homosexualité" au risque d'être condamné à cinq ans de prison. Le projet de loi finalement amendé avait suscité un tollé auprès des ONG. Les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l'UE avaient exhorté M. Museveni à ne pas promulguer ce texte décrié comme "discriminatoire - probablement le pire au monde en son genre".