Assassinat d'un journaliste au Cameroun : le gouvernement dénonce un traitement médiatique "injurieux"

Le gouvernement du Cameroun a dénoncé jeudi dans un communiqué un traitement médiatique "injurieux" de l'assassinat du journaliste Martinez Zogo, enlevé, torturé et tué il y a un mois, ciblant nommément l'ONG Reporters sans frontières (RSF) et le journal français Le Monde.

23 février 2023 à 18h36 par AFP

Enlevé le 17 janvier par des inconnus devant un poste de gendarmerie de la banlieue de la capitale Yaoundé, Arsène Salomon Mbani Zogo, dit "Martinez", 50 ans, avait été retrouvé mort cinq jours plus tard, son corps ayant "manifestement subi d'importants sévices", selon le gouvernement.
Un influent homme d'affaires camerounais, Jean-Pierre Amougou Belinga, réputé proche de plusieurs ministres et hauts responsables de l'Etat, avait été arrêté deux semaines plus tard à Yaoundé, soupçonné d'être impliqué dans ce meurtre.
Martinez Zogo était le directeur général de la radio privée Amplitude FM et animateur vedette d'une émission quotidienne, Embouteillage, dans laquelle il dénonçait régulièrement l'affairisme et la corruption dans ce pays d'Afrique centrale dirigé d'une main de fer depuis plus de 40 ans par le président Paul Biya.
C'est la première fois depuis plus de trois semaines et l'annonce de plusieurs arrestations que le gouvernement communique sur cette affaire qui suscite une vive émotion dans le pays.
Le porte-parole du gouvernement, René Emmanuel Sadi, a accusé plusieurs médias de se servir de l'affaire Martinez Zogo comme "prétexte" afin de faire "le procès d'un Etat et d'un régime, à travers des propos excessifs voir injurieux, se risquant même à prophétiser maladroitement et inconsidérément sur l'avenir du Cameroun".
Il a cité nommément l'organisation "Reporters sans frontières" (RSF) et "surtout le journal français Le Monde qui se livre à des affirmations intempestives, des analyses erronées et des spéculations fantaisistes, sans aucune corrélation avec la réalité camerounaise".
M. Sadi n'a pas évoqué le contenu des publications de RSF.
Le 3 février, l'ONG avait dénoncé un "crime d'Etat", dans une ambiance de "guerre de succession", et mettait en cause nommément M. Amougou Belinga dans l'enlèvement, les actes de torture et le meurtre de M. Zogo, en citant un procès-verbal d'audition de très hauts responsables de l'appareil de sécurité arrêtés que l'organisation assure avoir consulté.
RSF citait également un ministre important dans les responsabilités ayant conduit à la mort de Martinez Zogo ainsi que "d'autres personnalités importantes dont plusieurs ministres proches de Jean-Pierre Amougou Belinga", en s'appuyant toujours sur le PV d'audition.