Cameroun : le gouvernement ouvre une enquête après la publication d’une vidéo montrant un chanteur subissant des tortures

Depuis mercredi 23 octobre, une vidéo montrant le chanteur Longuè Longuè en train de subir des actes de torture circule sur les réseaux sociaux. Le gouvernement camerounais a annoncé, jeudi 24 octobre, l’ouverture d’une enquête.

Le chanteur camerounais Longuè Longuè

Crédit : Wikicommons

25 octobre 2024 à 13h10 par Keisha MOUGANI

“Ils m’ont torturé physiquement et moralement”, a déclaré le chanteur Longuè Longuè sur sa page Facebook, mercredi 24 octobre. Ce même-jour, il a publié une vidéo le montrant en train de subir des tortures.


Dans la vidéo, depuis supprimée de la plateforme Youtube, on peut voir le chanteur, dans une pièce, assis sur le sol, vêtu d’un slip et d’un débardeur, les pieds immobilisés sous une chaise, être torturé par des individus qui lui assènent des coups, dont un qui lui fouette les pieds avec une machette. 


Cette dernière fera le tour des réseaux sociaux et fera réagir le gouvernement camerounais. 


"Informé de ces faits de violence sur un citoyen, le ministre délégué à la présidence chargé de la Défense a immédiatement prescrit l'ouverture d'une enquête par ses services spécialisés", selon un communiqué de presse, qui ajoute que "la victime impute ces violences à des éléments de l'antenne sécurité militaire du Littoral".


Des faits qui remontent à 2019 


 La vidéo, qui dure un peu moins de cinq minutes, daterait de 2019. Dans une vidéo publiée mardi 22 octobre, le chanteur raconte que des militaires, l’ont arrêté à l’hôtel Sawa, situé à Douala, l’ont emmené à la "sécurité militaire" et l’ont torturé. Il ajoute qu’il y avait dix militaires dans la pièce. 


Sans connaître les raisons de son arrestation, il juge que cela a été pour “sa liberté de penser”.


Peu après la diffusion de la vidéo, une liste des 13 tortionnaires présumés, tous membres des forces de sécurité, a circulé sur les réseaux sociaux.


Simon Agno, 51 ans, dit Longuè Longuè est un chanteur populaire de Makossa, un genre originaire du Cameroun. Il critique la gouvernance de Paul Biya mais chante aussi les louanges de personnalités du même gouvernement ou de la Première dame. 


À la présidentielle de 2018, il avait notamment soutenu les opposants Akere Muna et Maurice Kamto. 


Une vidéo qui suscite  l’indignation de la classe politique 


Maurice Kamto, président du premier parti d'opposition au Cameroun, a notamment dénoncé mercredi sur X des images de torture "dans les bureaux, semble-t-il, d'un service de sécurité de l'État" qui "rappellent le sort horrible fait à grande échelle aux militants" de son parti.



DÉCLARATION SUR LA BARBARIE D'ÉTAT POUR L'IDOLÂTRIE D'UN HOMME ET LA CONFISCATION DU POUVOIR.Je viens de prendre connaissance d'une vidéo d'une violence inouïe actuellement en circulation dans les réseaux sociaux. Celle-ci montre le célèbre musicien LONGUE LONGUE subissant… pic.twitter.com/W0lUMGtTxD


— Maurice Kamto (@KamtoOfficiel) October 23, 2024

 Un communiqué appelant à "la justice pour Longuè Longuè" du parti de Cabral Libii, autre ténor de l'opposition, a dénoncé "l'inhumanité manifeste des personnes qui incarnent l'autorité publique" et demandé au gouvernement "de s'expliquer à propos dans les plus brefs délais".


 Les responsabilités seront établies et les conséquences tirées en fonction des résultats de l'enquête", assure le communiqué du ministère de la Défense.