Centrafrique : un chef rebelle inculpé de crimes contre l'humanité

Un important chef rebelle a été inculpé de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre par la Cour pénale spéciale (CPS) chargée de juger les crimes commis pendant la guerre civile en Centrafrique jeudi, a indiqué la CPS.

7 septembre 2023 à 23h06 par AFP

La Centrafrique, deuxième pays le moins développé au monde selon l'ONU, avait été plongée en 2013 dans une guerre civile très meurtrière, après qu'une coalition rebelle à majorité musulmane, la Séléka, eut renversé le président François Bozizé, dans un pays qui essuie encore des violences dans certaines parties du territoire.
Abdoulaye Hissène, chef du Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FRPC), une faction de l'ex-rébellion Séléka, avait été arrêté lundi et était détenu depuis, a indiqué une source à la CPS sous couvert de l'anonymat.
Il a comparu trois jours plus tard devant la CPS qui l'a inculpé de "plusieurs crimes contre l'humanité et crimes de guerre, commis sur le territoire de la République centrafricaine (RCA), courant 2017, en sa qualité de leader" du FRPC, a-t-elle indiqué dans un communiqué.
M. Hissène est visé par des sanctions de l'ONU depuis 2017 pour sa participation à des actes portant "atteinte à la paix, à la stabilité ou à la sécurité de la République Centrafricaine", et à des "attaques" notamment contre la Minusca (la force de l'ONU dans le pays, ndlr), les missions de l'Union européenne et les opérations françaises qui les soutiennent", précise l'ONU.
Les Nations Unies avaient également pointé les liens du leader du FRPC avec Maxime Mokom, 44 ans, ex-chef des anti-balaka (milices autoproclamées d'autodéfense), et visé par 20 chefs d'accusation devant la Cour pénale internationale (CPI) de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité pour des atrocités commises en 2013 et 2014, parmi lesquels des attaques dirigées contre des civils, des meurtres, des viols, des pillages et des attaques contre des mosquées.
La CPS a été créée en 2015 par le gouvernement centrafricain sous le parrainage de l'ONU mais ses premières enquêtes ont seulement été lancées en 2018.
Ce tribunal hybride, composé de magistrats locaux et internationaux, notamment de juges et de procureurs originaires de France, du Togo, et de République démocratique du Congo (RDC), juge les crimes de guerre et contre l'Humanité commis depuis 2003 dans le pays.