L'Egypte libère un avocat en préventive quatre ans pour un post sur les "gilets jaunes"

La justice d'exception en Egypte a ordonné lundi la libération de l'avocat Mohammed Ramadan, en détention préventive depuis près de quatre ans pour s'être dit solidaire du mouvement social français des "gilets jaunes", affirme une ONG des droits humains.

25 juillet 2022 à 18h36 par AFP

M. Ramadan, 43 ans, avait été arrêté en septembre 2018 pour avoir publié sur Facebook une photo de lui portant un gilet jaune "en solidarité avec les manifestations qui avaient alors lieu en France", rapporte l'Association pour la liberté de pensée et d'expression (AFTE) en Egypte --où manifester est interdit.
M. Ramadan --souffrant d'insuffisance coronarienne et d'hypertension qui se sont aggravées pendant sa détention-- avait été placé en détention préventive pour "terrorisme".
Ce régime est légalement limité à deux ans en Egypte mais selon une technique fréquemment utilisée par les juges, il avait été déclaré libérable à ce terme avant d'être aussitôt inculpé, cette fois pour "diffusion de fausses informations".
Pour les défenseurs des droits humains, ces accusations et ces dépassements du délai de la préventive forment l'"architecture de la répression" du régime du président Abdel Fattah al-Sissi, un ancien maréchal qui a déposé son prédécesseur, l'islamiste Mohamed Morsi, lors d'un coup de force en 2013.
Le mouvement des "gilets jaunes", qui défilaient en France contre la hausse des prix notamment de l'essence, avait déstabilisé la présidence d'Emmanuel Macron en 2018-2019.
En raison des violences policières, l'ONU avait demandé "urgemment" à la France une "enquête approfondie sur tous les cas rapportés d'usage excessif de la force".
En Egypte, où les manifestations monstres se sont succédé renversant plusieurs pouvoirs jusque peu après l'élection de M. Sissi, le mouvement avait été scruté au point d'inquiéter les autorités qui avaient restreint la vente de gilets jaunes.
Le pays le plus peuplé du monde arabe avec 103 millions d'habitants compte plus de 60.000 prisonniers d'opinion selon les ONG.
Tous les regards seront braqués sur l'Egypte lors de la COP27 prévue en novembre et notamment sur son traitement des manifestants défilant pour le climat.
Le régime se prépare à ouvrir un "dialogue national" censé prouver qu'il "fait de la place à tout le monde" selon les mots de ses organisateurs. En amont, il a libéré plusieurs dizaines de figures pro-démocratie qui étaient pour beaucoup en préventive bien au-delà du délai légal.
Vendredi, MM. Sissi et Macron se sont rencontrés et notamment "abordé la question des droits de l'Homme", selon Paris.