Les rebelles du Tigré se disent prêts à continuer d'avancer dans le nord de l'Ethiopie

Les rebelles de la région éthiopienne du Tigré ont dit mardi rester ouverts aux négociations avec le gouvernement fédéral mais déterminés à continuer de progresser dans le nord de l'Ethiopie tant que ses renforts militaires continueront de "menacer" leur région.

30 août 2022 à 14h51 par AFP

Après cinq mois de trêve, les combats ont repris le 24 août entre armée fédérale et troupes rebelles tigréennes, qui s'accusent mutuellement d'avoir déclenché les hostilités.
Les journalistes n'ont pas accès au nord de l'Ethiopie, rendant impossible toute vérification indépendante. Le réseau mobile et internet y est également aléatoire et la situation sur le terrain difficile à apprécier.
Ces derniers jours, selon des sources concordantes, les rebelles ont progressé d'une cinquantaine de kilomètres au sud de la frontière du Tigré, à l'intérieur de la région voisine de l'Amhara, ainsi qu'au sud-est en région Afar.
"Nous menons une guerre défensive" et "nous restons ouverts à toute négociations", a affirmé lors d'un point presse diffusé sur internet un porte-parole des autorités rebelles du Tigré, Getachew Reda, accusant à nouveau le gouvernement du Premier ministre Abiy Ahmed d'avoir rompu la trêve respectée depuis fin mars.
Il a expliqué qu'après avoir d'abord "défendu (leurs) positions", les rebelles avaient désormais lancé une contre-offensive.
"Abiy continue de faire mauvais calcul après mauvais calcul en continuant d'envoyer des renforts. Nous allons continuer à les neutraliser, ce qui nous conduira probablement de plus en plus à l'intérieur de la région Amhara", a-t-il averti.
"Nous ne sommes pas particulièrement intéressés par le contrôle de cette zone, mais tant que les forces lâchées contre nous continuent de menacer la sécurité de notre peuple, nous continuerons à prendre les mesures appropriées pour les neutraliser" et "cela déterminera où nous nous arrêterons", a-t-il menacé.
Interrogé par l'AFP, le gouvernement éthiopien a rappelé ses "efforts en faveur de la paix et les mesures concrètes prises" en ce sens et s'est dit "à nouveau déterminer à résoudre pacifiquement le conflit qui a une nouvelle fois été déclenché" par les rebelles "terroristes" du Tigré.
Défaits en novembre 2020 par l'armée éthiopienne envoyée par M. Abiy pour déloger l'exécutif du Tigré qui contestait son autorité et qu'il accusait d'avoir attaqué des bases militaires, les rebelles tigréens ont repris mi-2021 la quasi-totalité de la région à la faveur d'une contre-offensive qui les a vus s'approcher d'Addis Abeba.
M. Getachew a également accusé M. Abiy d'avoir "envoûté la communauté internationale pour qu'elle croie à son sérieux au sujet de la paix".
"Il semble évident qu'on ne peut pas compter sur la communauté internationale pour retenir Abiy (...). Nous devons toujours dépendre de nos forces", a-t-il ajouté.