Libye: le massacre d'Abou Slim renvoyé devant la justice militaire

Un tribunal libyen s'est déclaré mercredi incompétent pour juger l'affaire du massacre de la prison d'Abou Slim, où plus de 1.200 prisonniers politiques avaient été exécutés après une mutinerie en 1996, renvoyant le dossier devant une juridiction militaire.

15 juin 2022 à 14h21 par AFP

Cette décision a été annoncée par la Cour d'appel de Tripoli qui examine l'affaire depuis mai 2021 et devait rendre mercredi son verdict contre les prévenus dans ce massacre tristement notoire qui émeut encore aujourd'hui l'opinion publique en Libye.
"Le juge de la chambre pénale de la Cour d'appel de Tripoli (...) a déclaré que l'affaire dans sa globalité était de caractère militaire étant donné que plusieurs personnes impliquées étaient des militaires (...) et a décidé de renvoyer la totalité du dossier devant une juridiction militaire compétente", a indiqué à l'AFP une source du bureau du Procureur général.
L'affaire du "massacre d'Abou Slim est maintenant totalement hors du circuit judiciaire civil, les requérants ayant perdu l'appel (...), l'affaire est entre les mains de la justice militaire", a ajouté cette source.
En 2019, un tribunal libyen avait déclaré l'affaire non recevable, avant que la Cour suprême ne casse le jugement et renvoie un an plus tard le dossier devant une nouvelle instance pénale.
En juin 1996, 1.269 détenus politiques ont été fusillés après une mutinerie dans la prison d'Abou Slim, à Tripoli.
Ce n'est qu'à partir de 2001 que les familles des victimes ont appris le décès de leurs proches. Enterrées dans des fosses communes dans la cour de la prison, de nombreuses dépouilles n'ont pu être exhumées qu'après la chute du régime de l'ex-dictateur Mouammar Kadhafi en 2011.
Les principaux accusés sont Abdallah al-Senoussi, ex-chef des services de renseignement libyens, et Mansour Daou, ancien chef de la garde rapprochée de Kadhafi. D'autres caciques de l'ancien régime sont sur le banc des accusés.
Le centre pénitentiaire était un "site de violations flagrantes des droits humains", soulignait en 2010 l'ONG Human Rights Watch, qui appelait déjà à "rendre justice aux familles des victimes".