Sanctions contre le Niger: MSF appelle à "rompre avec toute logique de punition collective"

Médecins sans frontières (MSF) a appelé à "rompre avec toute logique de punition collective" pour limiter l'effet sur les populations nigériennes des sanctions économiques imposées depuis le coup d'Etat, dans une interview publiée vendredi sur le site de l'organisation.

8 septembre 2023 à 20h36 par AFP

"Il faut (...) rapidement rompre avec toute logique de punition collective et garantir que les sanctions n'aggravent pas la situation de la population", a déclaré Moctar Daouda Abass, responsable des opérations de MSF au Niger, qui ajoute que 13% des Nigériens "font face à une situation d'insécurité alimentaire sévère".
La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) a imposé de lourdes sanctions notamment économiques au Niger, en réponse au coup d'Etat du 26 juillet qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum.
En parallèle, la France, l'Allemagne, les Pays-Bas et l'Union européenne (UE) ont suspendu leurs aides au développement.
"Les mesures qui visent à asphyxier l'économie d'un pays, l'exemple le plus extrême étant celui d'un embargo complet, pénalisent avant tout les populations et en particulier les plus précaires", a affirmé Moctar Daouda Abass.
En ligne avec les sanctions de la Cedeao, le NigEria et le Bénin ont annoncé la fermeture de leurs frontières avec le Niger, un pays enclavé, dont l'approvisionnement en produits de première nécessité dépend en grande partie de ses voisins côtiers.
Plusieurs organisations internationales et humanitaires ont exprimé leurs inquiétudes sur les conséquences des sanctions, dans un des pays les plus pauvres au monde.
Fin août, le Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) craignait que ces sanctions puissent avoir des "effets catastrophiques" à moyen terme et avait appelé à "mettre en place un régime d'exemptions" humanitaires.
De son côté, le Conseil de paix et de Sécurité de l'Union africaine (UA) a appelé les Etats membres à "mettre pleinement en oeuvre les sanctions imposées par la Cedeao" contre le Niger, mais a demandé que soit minimisé leur "effet disproportionné sur les citoyens" de ce pays.
Le général Abdourahamane Tiani, à la tête du régime militaire, avait quant à lui dénoncé des sanctions "illégales" et "inhumaines" dans une allocution diffusée à la télévision nationale.
"Même s'il s'agit d'un défi injuste qui nous a été imposé, nous devrions être en mesure de le surmonter. Et nous le surmonterons", avait assuré le Premier ministre nommé par les militaires, Ali Mahaman Lamine Zeine, au sujet de ces sanctions.

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