Zimbabwe: des milliers d'opposants défient une interdiction de rassemblement

Des milliers d'opposants au Zimbabwe, qui dénoncent une répression de plus en plus sévère à l'approche d'un scrutin prévu dans deux semaines, ont défié samedi une interdiction de se rassembler à Marondera, à 70 km à l'est d'Harare, a constaté un journaliste de l'AFP.

12 mars 2022 à 17h51 par AFP

La police avait annoncé la veille l'interdiction d'un meeting politique de la Coalition des citoyens pour le changement (CCC), arguant que le parti n'avait pas déclaré le rassemblement suffisamment à l'avance.
Le président Emmerson Mnangagwa, successeur en 2017 de Robert Mugabe qui a régné d'une main de fer pendant 37 ans, est régulièrement accusé de vouloir museler toute opinion dissidente.
Fin février, un militant de l'opposition a été tué et 17 autres blessés dans des violences en marges d'un rassemblement. Des membres du parti au pouvoir, la Zanu-PF, sont suspectés d'être à l'origine des incidents.
Bravant l'interdiction, des milliers de militants vêtus de jaune, couleur du CCC, ont afflué samedi à partir du milieu de journée, encadrés par un fort dispositif policier.
Le leader de l'opposition, Nelson Chamisa, s'est adressé à la foule. "Je ne veux d'effusion de sang (...) Je ne veux pas que vous soyez blessés. Ce qu'ils ne savent pas, c'est que nous avons déjà gagné", a-t-il clamé.
Le 26 mars, le Zimbabwe doit élire 133 représentants locaux et parlementaires, un scrutin test avant les élections générales de 2023.
Expliquant avoir tenté de faire lever l'interdiction de rassemblement, M. Chamisa a accusé le pouvoir de réprimer la campagne: "Nous sommes allés au tribunal et nos avocats y ont passé toute la nuit sans obtenir de décision, les juges sont restés introuvables".
Plusieurs centaines de policiers anti-émeute, armés et munis de gilets pare-balles, ont finalement évacué les manifestants sans incident.
La présidentielle de 2018 a été remportée de peu par Emmerson Mnangagwa face à son principal opposant Nelson Chamisa. Le chef d'Etat avait promis des réformes mais le Zimbabwe est toujours englué dans une profonde crise économique.