Nigeria: fin de la grève des professeurs d'université
Les professeurs d'université nigérians ont annoncé vendredi la fin de leur grève qui s'éternisait depuis huit mois au sujet de leurs conditions de travail, et privait de cours les étudiants des universités fédérales du pays le plus peuplé d'Afrique.
14 octobre 2022 à 14h36 par AFP
Le principal syndicat du personnel des universités fédérales du Nigeria (Asuu) avait déclenché la grève le 14 février, réclamant davantage de fonds pour l'enseignement supérieur, laissé à l'abandon depuis des décennies. Dans un communiqué publié vendredi, le syndicat a déclaré avoir mis fin à la grève conformément à une décision de justice, enjoignant les enseignants à reprendre immédiatement leurs activités. Les revendications des professeurs d'université "n'ont pas encore été traitées de manière satisfaisante", précise par ailleurs le communiqué signé par le président de l'Asuu, Emmanuel Osodeke. Comme lors des grèves précédentes, les professeurs d'université réclament l'augmentation des salaires, des financements et l'amélioration des installations. Les universités privées et celles gérées au niveau régional n'ont pas été affectées par la grève. Le Nigeria, république fédérale, est divisé en 36 Etats en plus du territoire de la capitale Abuja. En septembre, un tribunal avait ordonné aux enseignants grévistes de reprendre le travail après plusieurs séries de pourparlers avec le gouvernement qui n'avaient pas permis de résoudre le conflit. L'Asuu s'était opposé à cette décision mais son appel a été rejeté la semaine dernière. Cette énième grève du syndicat est la deuxième plus longue de son histoire. En 2020, à la suite de la pandémie du coronavirus, les professeurs d'université avaient fait grève pendant neuf mois. Vendredi, étudiants et parents ont salué la fin de la grève. Adejoke Ajibade, étudiante en comptabilité à l'université de Lagos, s'est dit "heureuse" de retourner à la fac après huit mois d'interruption. Mais elle craint qu'il ne soit difficile de "rattraper le temps perdu". "C'est un développement bienvenu", se réjouit l'infirmière Bimpe Ojuola, mère de deux étudiants. "Les grèves fréquentes de l'Asuu [...] mettent en danger l'avenir de nos enfants." Les grèves dans le secteur public sont courantes au Nigeria, qui fait face à une myriade de défis: insécurité croissante, baisse des recettes pétrolières, dette élevée, monnaie nationale faible, inflation forte et chômage élevé. Ces enjeux sont au centre des préoccupations des Nigérians, qui doivent élire en février un successeur au président Muhammadu Buhari, s'apprêtant à quitter le pouvoir après deux mandats.