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Somalie : le président du Somaliland promet de "prendre sa revanche" contre une milice locale

Le président de la région séparatiste somalienne du Somaliland a promis samedi "de prendre sa revanche" contre une milice locale, qui s'est emparée la veille d'une base militaire appartenant à l'armée de cette république autoproclamée.

AFRICA RADIO

26 août 2023 à 18h21 par AFP

La prise vendredi de plusieurs installations militaires somalilandaises fait craindre une nouvelle escalade meurtrière autour de la ville de Las Anod, déjà théâtre en février de combats ayant fait des centaines de morts. Depuis plus de six mois, des combattants d'une milice clanique, connue sous le nom de SSC, s'opposent aux forces du Somaliland, région séparatiste de Somalie qui a proclamé son indépendance en 1991 mais n'est pas reconnue par la communauté internationale. Vendredi, cette milice a affirmé avoir pris plusieurs positions de l'armée somalilandaise, dont la base Goojacade, l'une des plus importantes de la région située à une dizaine de kilomètres de Las Anod. Le ministère de la Défense du Somaliland a affirmé que l'armée avait "quitté ses positions (...) à des fins militaires stratégiques". "Les gens ne doivent pas être découragés par les combats, même s'il y a des pertes infligées à l'armée. Cela ne doit pas être perçu négativement car l'armée est toujours intacte et nous prendrons notre revanche", a déclaré samedi le président du Somaliland, Muse Bihi Abdi, lors d'une conférence de presse dans la capitale Hargeisa, avec à ses côtés le candidat de l'opposition à la présidentielle de 2024, Abdirahman Iro. "Les gens ne devraient pas craindre une nouvelle escalade de la situation et la guerre", a-t-il ajouté. "L'armée est toujours organisée et stable". A Las Anod, "la situation est calme", a déclaré un habitant Abdilatif Adan, joint par téléphone. "Il n'y a pas de combats mais une mobilisation militaire massive est en cours. Des dizaines de prisonniers (soldats somalilandais, ndlr) ont été transférées à Las Anod hier soir (vendredi) et les gens ici sont tendus car ils ne savent pas ce qui va se passer", a-t-il ajouté. Les tensions autour de Las Anod, carrefour commercial revendiqué par le Somaliland et la région somalienne voisine du Puntland, durent depuis plusieurs mois. Des combats ont éclaté le 6 février entre les forces somalilandaises et la milice SSC, après que des chefs de clans locaux eurent publié une déclaration s'engageant à soutenir "l'unité et l'intégrité de la République fédérale de Somalie" et exhortant les autorités du Somaliland à retirer leurs forces de la région. Ces combats ont tué au moins 210 civils et en ont blessé 680, avait affirmé le maire de Las Anod le 2 mars. Le 16 février, le bureau local de l'agence humanitaire de l'ONU (Ocha) avait déclaré que plus de 185.000 personnes avaient fui les violences. L'ONG Médecins sans frontières a annoncé le 24 juillet être contraint de cesser ses activités dans l'hôpital général de Las Anod en raison des "attaques récurrentes contre les installations médicales et (du) niveau de violence extrême" dans la zone. Région pauvre et isolée de 4,5 millions d'habitants, le Somaliland a connu une relative stabilité depuis la proclamation de son indépendance, alors que la Somalie a été ravagée par des décennies de guerre civile et d'insurrection islamiste.