L'Ethiopie relance l'attribution d'une 2e licence privée de télécommunications

Le gouvernement éthiopien a relancé vendredi le processus d'attribution d'une deuxième licence privée de télécommunications, un marché dominé par l'opérateur historique et 100% public Ethio Telecom sur lequel est entré depuis peu le Kényan Safaricom.

30 juin 2023 à 18h51 par AFP

Pays à l'économie encore largement étatisée, l'Ethiopie avait mis fin au monopole d'Ethio Telecom en accordant en 2021 une licence de téléphonie mobile à Safaricom. Mais la deuxième licence proposée à un opérateur privé n'avait pas été attribuée, l'offre du sud-africain MTN ayant été jugée trop basse.
Dans un communiqué publié vendredi, l'agence éthiopienne des Communications (ECA) "lance un appel à qualifications (RFQ) pour la nouvelle deuxième licence nationale multiservices (...) et invite les opérateurs de classe mondiale à se faire connaître".
"Le secteur éthiopien des télécoms connaît de nombreux développements positifs depuis le début du processus de libéralisation, dont un solide cadre légal et réglementaire" et "un cadre légal de fourniture des Services financiers mobiles (MFS)", assure notamment l'ECA.
Safaricom a progressivement mis son réseau en service depuis 2022 dans le deuxième pays le plus peuplé d'Afrique (120 millions d'habitants) et prévoit d'y lancer ses services financiers mobiles au deuxième semestre 2023, sur le modèle de son service M-Pesa, très utilisé au Kenya.
En mai dernier, après une modification de la réglementation sur les systèmes de paiement, la banque centrale d'Ethiopie a délivré à Safaricom la première licence de transfert d'argent mobile accordée à un opérateur étranger, dans un pays où les banques étrangères ne sont pas autorisées à opérer.
En arrivant au pouvoir en 2018, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed avait annoncé un vaste train de réformes pour moderniser l'économie, très étatisée et peu ouverte aux investissements étrangers.
Mais la situation économique du pays s'est ensuite fortement dégradée, marquée par une forte inflation et un assèchement des réserves de change, et la volonté de réformes a connu un coup d'arrêt, sur fond de brutal conflit armé dans la région septentrionale du Tigré, entre novembre 2020 et novembre 2022.
Le gouvernement a relancé en novembre dernier le processus de privatisation partielle d'Ethio Telecom via un "Appel à manifestation d'intérêt", augmentant en février son offre de 40 à 45% du capital. Initialement lancé en juin 2021, le processus de privatisation d'Ethio Telecom avait été interrompu en mars suivant.