RDC: ouverture du procès pour "trahison" d'un proche conseiller d'un opposant

Le procès de Salomon Idi Kalonda, un proche conseiller du candidat à la présidentielle du 20 décembre en RDC, Moïse Katumbi, s'est ouvert jeudi devant la cour militaire où il est poursuivi pour "trahison", a constaté une journaliste de l'AFP.

17 août 2023 à 17h51 par AFP

Habillé du chemisier bleu et jaune des prisonniers, visiblement serein et entouré d'une vingtaine d'avocats, M. Idi Kalonda s'est présenté comme un "chef d'entreprise" lors de cette audience tenue à la prison militaire de Ndolo où il est détenu depuis plusieurs semaines. La séance a été consacrée à la présentation de l'acte d'accusation.
Âgé de 49 ans, M. Idi Kalonda a été arrêté manu militari le 30 mai à l'aéroport de Ndjili alors qu'il voulait se rendre à Lubumbashi (sud-est) où il réside.
Le parquet militaire lui reproche d'avoir été en contact avec les rebelles du M23 et leur parrain supposé, le Rwanda, pour agresser la RDC. Son coaccusé, le lieutenant colonel Ali Inusa, en fuite, est poursuivi par défaut.
M. Idi Kalonda est accusé d'"être en intelligence avec une puissance étrangère en vue de susciter des hostilités ou des actes d'agression contre la République", a déclaré le greffier en lisant l'acte d'accusation.
Entre 2020 et 2023 à Lubumbashi et à Kinshasa, M. Idi Kalonda s'est "rendu coupable de trahison" pour "avoir entretenu des contacts" avec les membres du Mouvement du 23 mars (M23), les autorités militaires rwandaises et un conseiller du président rwandais Paul Kagame "en vue d'engager des hostilités contre la République démocratique du Congo", a-t-il ajouté.
M. Idi est aussi poursuivi pour avoir "transmis aux autorités rwandaises" et aux responsables du M23 "lors de communications secrètes par whatsapp, les communiqués de l'opposition politique congolaise sur la situation du pays", a-t-il dit.
Le M23, mouvement majoritairement tutsi, a repris les armes fin 2021 et s'est emparé de vastes pans de territoire au nord de Goma, dans l'est de la RDC frontalier du Rwanda et de l'Ouganda.
Depuis le début, Kinshasa accuse le Rwanda d'armer cette rébellion et de combattre à ses côtés, ce qu'ont corroboré des experts de l'ONU bien que Kigali s'en défende.
- "Accusations fausses" -
Le parquet militaire accuse par ailleurs M. Idi Kalonda d'avoir poussé le lieutenant colonel Ali Inusa à la "désertion". La prochaine audience est prévue pour le 18 septembre.
Devant la presse, Me Hervé Diakese, porte-parole du collectif d'avocats de la défense, a rejeté ces "accusations fausses".
L'avocat a rappelé qu'après l'arrestation de son client, le service des renseignements militaires, en principe très discret, avait tenu un point de presse où M. Idi Kalonda a été accusé d'avoir détenu une arme à feu le 20 mai lors d'une manifestation de l'opposition. Cette accusation "n'a plus été retenue, ce qui montre la légèreté avec laquelle les poursuites ont été entamées", a estimé Me Diakese.
L'ouverture du procès a lieu dans un contexte politique tendu, à quatre mois de la présidentielle qui sera couplée à l'élection des députés nationaux et provinciaux ainsi que des conseillers communaux. Le président Félix Tshisekedi, au pouvoir depuis janvier 2019, est candidat à un second mandat de cinq ans.
Riche homme d'affaires, Moïse Katumbi est le président du parti "Ensemble pour la République" et un des candidats déclarés de l'opposition à cette présidentielle.