En république autoproclamée du Somaliland, la population doit élire son nouveau président
Non reconnu par les Nations Unies, le Somaliland s'est détaché du Somalie en 1991. Ce mercredi 13 novembre, les électeurs sont appelés à élire un nouveau président.
Les candidats Muse Bihi, Abdirahman Mohamed Abdullahi, Faysal Ali Warabe
Crédit : Instagram / Wikipédia / Flikr
13 novembre 2024 à 16h08 par Keisha MOUGANI
Les 1,22 millions d'électeurs doivent choisir entre le chef de l'État sortant Muse Bihi, le président du principal parti d'opposition (Waddani) Abdirahman Mohamed Abdullahi dit "Irro" et le leader du Parti de la justice sociale (UCID) Faysal Ali Warabe, ce mercredi 13 novembre.
Ancienne Somalie britannique, ce territoire, à la pointe nord-ouest de la Somalie a déclaré unilatéralement son indépendance en 1991, alors que la République de Somalie, qu'elle avait rejointe en 1960, sombrait dans le chaos après la chute du régime militaire de Siad Barre.
Le Somaliland fonctionne depuis en autonomie, avec sa propre monnaie, son armée et sa police. Mais il n'est reconnu par aucun pays, ce qui le maintient dans un certain isolement et dans la pauvreté malgré sa situation à l'entrée du détroit de Bab-el-Mandeb, sur l'une des routes commerciales les plus fréquentées au mondereliant l'océan Indien au canal de Suez.
Le statut du Somaliland, source de tension entre les États de la région
En quête de reconnaissance, le pays est depuis dix mois au coeur d'une profonde crise diplomatique entre la Somalie et l'Ethiopie, avec qui le gouvernement somalilandais a signé un protocole d'accord controversé.
Le texte, qui n'a jamais été rendu public, prévoit la location de 20 kilomètres de côtes à son voisin, deuxième pays le plus peuplé d'Afrique et plus grand État enclavé au monde, en échange d'unereconnaissance formelle.
Dénonçant une "violation" de sa souveraineté, Mogadiscio s'est depuis rapproché militairement de l'Egypte, grand rival de l'Éthiopie, dans une escalade verbale et militaire qui inquiète la communauté internationale.
Le texte ne s'est pour l'instant pas concrétisé mais le président somalilandais Muse Bihi, qui brigue un deuxième mandat à 76 ans, assure que la reconnaissance du pays est imminente.
Ses adversaires, dont son principal rival Abdirahman Mohamed Abdullahi, ne critiquent pas ce protocole d'accord et préfèrent l'attaquer sur son bilan intérieur.
Outre les difficultés économiques (inflation, chômage, pauvreté...), ils lui reprochent d'avoir attisé des divisions claniques qui ont abouti à la perte d'une partie de la région de Sool, dans le sud-est du territoire.
Après des mois de violents combats contre une milice pro-Mogadiscio qui ont fait au moins 210 morts et près de 200.000 déplacés, les forces somalilandaises se sont retirées en août 2023 de la moitié de cette région.
Cet ancien diplomate de 68 ans (ambassadeur en URSS et Finlande) et président de la Chambre des représentants (2005-2017) se présente comme une figure unificatrice face à la personnalité à poigne de Muse Bihi, ancien militaire.
Initialement prévue en 2022, l'élection avait été reportée pour des "raisons techniques et financières". L'opposition avait dénoncé une prolongation du mandat de président. Des manifestations avaient été violemmentréprimées, faisant cinq morts.
(Avec AFP)