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Burkina: suspension d'une radio après une interview d'un opposant au nouveau pouvoir au Niger

Le gouvernement du Burkina Faso issu d'un coup d'Etat a décidé de suspendre "jusqu'à nouvel ordre" Radio Oméga, l'une des plus écoutées du pays, après la diffusion jeudi d'un entretien "émaillé de propos injurieux à l'encontre des nouvelles autorités nigériennes".

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12 août 2023 à 0h36 par AFP

Le gouvernement "assume en toute responsabilité la décision de suspendre dès ce jeudi 10 août et ce jusqu'à nouvel ordre, la diffusion des programmes de Radio Oméga au nom de l'intérêt supérieur de la Nation", indique le ministre de la Communication Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo dans un communiqué. Cette décision fait suite à la diffusion sur Radio Oméga d'un entretien, lors de l'émission "L'invité de la rédaction", avec le porte-parole d'un mouvement récemment créé au Niger qui souhaite rétablir le président Mohamed Bazoum, renversé par un coup d'Etat le 26 juillet dernier. Radio Oméga, filiale du groupe Oméga médias qui compte également une chaîne de télévision, propriété du journaliste et ancien ministre des Affaires Etrangères Alpha Barry, avait cessé d'émettre après la diffusion du communiqué, a constaté l'AFP. Elle a dénoncé vendredi une "décision injuste et sans fondement", et va "user de toutes les voies de recours". Elle estime que cette suspension "sans préavis et sans notification préalable de la structure en charge de la régulation des médias est une violation flagrante des lois en vigueur et une atteinte inacceptable à la liberté d'expression et à la liberté de la presse". La radio affirme également que sa suspension survient après "de nombreuses menaces de mort à l'endroit de dirigeants et journalistes de Radio Oméga de la part de personnes se présentant comme des soutiens du pouvoir et qui appellent avec insistance à la suspension de nos programmes". Dans l'entretien incriminé par le gouvernment, Ousmane Abdoul Moumouni, un partisan de Bazoum, aurait tenu des "propos injurieux à l'encontre des nouvelles autorités nigériennes", selon M. Ouédraogo. Selon le gouvernement burkinabè l'organisation d'Ousmane Abdoul Moumouni "milite clairement pour la violence et la guerre contre le peuple souverain du Niger" et la volonté de son mouvement est de remettre au pouvoir par "tous les moyens" le président Bazoum. L'Organisation profesionnelle des médias (OPM), association de poids dans le pays et qui représente toutes les professions du milieu de l'information, a condamné "fermement" la suspension de Radio Oméga et "exige" sa "levée immédiate". Dans sa première réaction depuis les décisions par le régime militaire de suspendre RFI, France 24, LCI et d'expulser les correspondantes du Monde et de Libération, la structure affirme que "le gouvernement contribue à mettre en péril le droit du public à l'information" et "viole la Constitution du Burkina Faso". Les autorités de transition du Burkina Faso, arrivées au pouvoir par un coup d'Etat en septembre 2022, ont très rapidement affiché leur solidarité aux militaires qui ont pris le pouvoir au Niger. Plusieurs médias ont été suspendus au Burkina ces derniers mois, notamment les médias français LCI, RFI et France 24. Début avril, les correspondantes de Libération et du Monde avaient été expulsées.