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Législatives 2024 : entre inquiétude et satisfaction au sein de la diaspora africaine face à la possible victoire du RN

A Paris, la possible victoire du Rassemblement national aux élections législatives, les dimanches 30 juin et 7 juillet 2024, inquiète au sein de la diaspora africaine et en satisfait quelques-uns.

Le quartier de la  Goutte d'Or
A la Goutte d'Or, les législatives suscitent indifférence, colère et inquiétude.
Crédit : Le quartier de la Goutte d'Or

26 juin 2024 à 18h20 par Keisha MOUGANI

"Marine Le Pen est une patriote, je suis une patriote, c’est pour cela que j’ai adhéré au RN, en 2020.”, explique Mariam Camara. Rejoindre le Rassemblement national était comme une évidence pour la caissière de 42 ans, d’origine ivoirienne, naturalisée française. “J’ai toujours eu le patriotisme en moi. Mes parents étaient des politiciens en Côte d’Ivoire. Quand je suis arrivée en France, j’ai tout entendu. J’ai penché du côté socialiste, qui présentait bien. Et une fois, j’ai suivi le débat de Marine Le Pen, écouté ses discours et j’ai compris que c’était une femme qui aimait son pays."

C’est elle qui va représenter le parti dans la 1re circonscription des Hauts-de-Seine, le 30 juin et 7 juillet aux élections législatives. Une deuxième chance pour la candidate qui s’était déjà présentée en 2022. 

À part le patriotisme, elle défend la politique d’immigration, de sécurité et de pouvoir d’achat de son parti. 

Sa candidature interroge certains habitants de la circonscription et au sein de la diaspora africaine. “On m’insulte, on me traite même de traître.”, confie-t-elle. Elle considère qu’ils ne comprennent pas le programme du RN. “Je pense que les gens font une caricature”, avance la candidate.

La possible victoire du RN inquiète 

“Ça me choque.”, rétorque Carine, quand on lui demande son avis sur les personnes de la diaspora africaine qui votent  Rassemblement national. “Je ne sais pas ce qu’ils pensent.”, ajoute-t-elle. Française d’origine camerounaise, Carine est opticienne dans une boutique nichée dans le quartier de la Goutte d’Or, où cohabitent les différentes communautés africaines, dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Elle s'inquiète de la possible victoire du Rassemblement national. 

“Je trouve ça triste et choquant, surtout dans un pays qui est rempli de différences.”, réagit-elle. Pour elle, le choix est clair : elle compte voter pour le Nouveau Front populaire. “Les gens sont focalisés sur les histoires d’immigration alors que ce n’est pas le problème.”, assure-t-elle.

Dans le quartier de la Goutte d’Or, peu souhaitent s’exprimer sur l’actualité politique. “Je n’ai pas grand-chose à dire sur les élections, je ne suis pas trop”, peut-on entendre dans le secteur.

C’est une fois arrivée dans une épicerie camerounaise de la rue Marcadet que la parole se libère. Raïssa, 33 ans, camerounaise, y est employée.

Arrivée en France il y a cinq ans, elle craint que la situation des personnes étrangères ne se complique. Notamment pour trouver du travail et un logement. “On dit qu’on ne veut pas travailler, mais on ne nous donne pas les moyens de travailler.”, soupire-t-elle.

La jeune femme est plutôt critique envers la politique d’immigration promue par le Rassemblement national. “Ils sont en train de dire qu’il faut que les migrants rentrent chez eux, car ils vont davantage s’en sortir là-bas. Ils n'ont pas tort. Mais quand on est chez nous, on ne parvient pas à trouver du travail et c’est ça qui nous pousse à prendre la route, et que certains de nos frères meurent en route, c’est parce qu’ils veulent avoir un meilleur avenir.”, explique-t-elle.   

 

Une percée attendue 

“Il fallait s’y attendre. Ça fait quatre élections que le Rassemblement national progresse. Et ça fait dix ans qu’il y a une montée des extrêmes qui touche toute l’Europe.”, analyse Pascal, disquaire. Il tente de garder la tête froide. “Ce n’est pas parce qu’ils vont arriver au pouvoir que les choses vont changer, tant qu'ils seront libéraux économiquement.”

Cependant, il demeure moins optimiste sur les conséquences de cette possible victoire sur la société française. “Il va y avoir des remous, ça c’est sûr. Quand vous vivez dans une grande ville cosmopolite, ça va (...) mais les gens qui habitent dans les campagnes et les provinces, c’est différent. Ils ne vivent pas la même vie que nous.”, conclut-il. 



Possible victoire du Rassemblement National aux législatives : entre inquiétude et colère
Possible victoire du Rassemblement National aux législatives : entre inquiétude et colère
Crédit : Keisha MOUGANI/ Africa Radio
Mariam Camara, candidate RN 1re circonscription des Hauts de Seine
Mariam Camara, candidate RN 1re circonscription des Hauts de Seine
Crédit : Keisha MOUGANI/ Africa Radio